• LE SURSIS

    LE SURSISJuin 1943. Julien Sarlat saute du train qui le conduit en Allemagne et gagne le petit village de Cambeyrac, dans l'Aveyron, pour s'y cacher à l'insu des villageois en attendant la fin des hostilités. Étonnante intervention du destin : le train qui devait l'emmener est bombardé et, parmi les victimes, un corps a été identifié comme étant le sien. Le voilà mort aux yeux du monde. Profitant de cette situation inattendue, il s'enferme dans le grenier de l'instituteur, arrêté par la Gestapo française et dont la maison a été mise sous scellés. Dès lors, depuis ce poste d'observation donnant sur la place du village, le mort vivant va assister à ce théâtre permanent qu'offrent les gens dans le déroulement des jours. Amours, haines, jalousies, lâchetés, mouvements du coeur, actes d'héroïsme, rien n'échappera à l'observateur. Jusqu'au moment où, de spectateur qu'il était, il sera lui-même acteur et rencontrera à nouveau son destin, cruel et moqueur, toujours inattendu, qui lui aura juste accordé un sursis.

    LE SURSISIl est des bd dont on a après lecture envie de parler, envie de partager, envie de raconter l'histoire, ou du moins, un semblant de résumé.

    Attiser la curiosité? Essayer de communiquer pour que les gens ne ratent pas ou ne serait-ce que jettent un oeil, ou aient le titre et l'histoire en tête pour peut-être qu'un jour...

    Et puis, il y a des bd où il est plus difficile de sortir, où on reste quelques minutes immobile, le livre toujours ouvert à la dernière page, l'esprit encore enlisé dans l'histoire..

    Le sursis fait assurement partie de la deuxième catégorie. Il n'y a pas forcement de différence de qualité entre les deux catégories, juste une petite différence de ressenti.

    J'ai eu d'ailleurs ce sentiment, une fois la lecture terminée de Un printemps à Tchernobyl d'Emmanuel Lepage par exemple. Cela ne place pas ces oeuvres au-dessus d'autres que j'apprécie différement mais tout autant, comme Mutafukaz de Run ou Prométhée de Bec, voyez?

    Je vais quand même essayer de vous parler de la présente bd, mais est-il besoin de vous dire, que je ne peux que vous conseiller de la découvrir par vous même, comme je l'ai fait, sans aller lire ici où là quelques chroniques ou critiques afin de savoir si oui ou non ça me plaîrait ou pas.

    LE SURSIS

    Je n'en dirais cependant pas grand chose, il faut dire qu'à sa sortie en 1997 pour le premier tome (1999 pour le second), la presse, les critiques, ont été plus qu'élogieuses. Le sursis a même suscité un engouement comme peu d'oeuvres le font, on connaît inconsciement ou pas, autant le dessin de Gibrat que celui de Bilal. Je parle particulièrement pour les personnes éloignées du monde de la bandes dessinées.

    Le sursis évoque la vie pendant la seconde guerre mondiale des habitants d'un petit village de l'aveyron (pas loin de chez moi d'ailleurs). Le personnage principal, Julien rentré il y a peu en cachette chez sa tante Angèle, est amené à se faire passer pour mort, et de sa "planque" idéalement située, va pouvoir suivre la vie et les mouvements de la petite communauté qu'il connaît si bien puisqu'il y a grandi.

    Ca m'a tout de suite fait penser à ce rôle qu'a eu le grand James Stewart dans Fenêtre sur cours d'Alfred Hitchcock où de son appartement, handicapé par une blessure suite à un accident, il observait, pour passer le temps, le quartier environnant.

    Ici, c'est la même chose, sauf que c'est sous l'occupation allemande. Julien assistera alors à son propre enterrement. Il verra les agissement de Serge entré dans la milice, de Basile qui ne se gêne pas pour dire ce qu'il pense, de Fernand, propriétaire du seul bar de Cambeyrac et de son fils Paul, médecin qui deviendra résistant au côté d'autres gens du village. Le curé est bien sûr présent, mais aussi Cécile, le grand amour de Julien.

    LE SURSIS

    Cécile, la belle cécile.. Gibrat est le seul dessinateur capable de nous rendre amoureux d'un dessin je crois. Peut-être parce qu'il fait passer autre chose au travers de ses crayons et pinceaux... En tout cas, rarement la beauté de la gente féminine, n'a eu plus bel hommage qu'entre les doigt de ce talentueux dessinateur. Il y a quelque chose de magique chez Gibrat. Quand on y regarde de près, son travail est juste extraordinaire...

    Je ne vais pas vous en dévoiler plus sur Le sursis, pourquoi ce titre? Vous le saurez en lisant cette histoire simple mais si bien racontée, où chaque personnage a sa place, où la vie en temps de guerre dans la campagne française est si bien conté, drame, conflits, amitié, trahison mais aussi humour avec en fond, l'actualité de la guerre et la perspective toujours présente d'une victoire des alliés. C'était en 1944...


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  • Commentaires

    1
    SC
    Jeudi 14 Mars 2013 à 22:14

    Je viens de vérifier ... il y manque le mot savoureux dans ta chronique. Un peu comme on feuillette un album de vieilles photos sépia, de ces portraits "d'avant" où il n'y avait pas de décor derrière bien souvent mais dont les regards te captivent pendant un long moment parce qu'ils parlent. Enfin, moi c'est ce à quoi j'ai pensé en dévorant les deux tomes. Beau.
    PS : lire "fénestrou" ça fait du bien ;-)

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